La science du sommeil nous a permis de découvrir que durant une nuit moyenne de huit heures de sommeil, nous avons tous un minimum de quatre à six périodes de rêves.
D’abord, il faut savoir que le sommeil se divise en deux catégories principales : le sommeil lent, comprenant le sommeil profond et léger, et le sommeil paradoxal, comprenant la majorité des rêves qui apparaissent à toutes les 90 minutes environ après un cycle de sommeil lent.
Pourquoi paradoxal ? Tout simplement parce qu’un phénomène paradoxal se produit : pendant que le corps est profondément endormi, le cerveau, lui, est totalement éveillé et met en scène un cinéma intérieur qui produit des images et des émotions intenses.
La durée des rêves varie au fur et à mesure que la nuit avance. La première période de rêves, en sommeil paradoxal, dure environ cinq minutes. Puis, plus la nuit avance, plus cette période s’allonge. La dernière, celle du matin, peut se prolonger sur une période de 30 à 45 minutes. C’est la raison pour laquelle nous avons plus de facilité à nous souvenir de nos rêves au réveil. Il arrive aussi que ce rêve soit le résumé de l’ensemble des scènes visionnées durant les rêves précédents. Les solutions aux problèmes de la veille y sont souvent cachées.
Le journal de rêves
Que vous ayez récupéré un rêve par semaine ou plusieurs par nuit, le journal de rêves devient un confident précieux pour consigner vos péripéties nocturnes. Je vous propose une méthode pour la consignation qui favorisera par la suite l’analyse du rêve. Cette méthode comporte trois éléments essentiels : la date, le titre et le sentiment final.
On inscrit d’abord la date afin de repérer les rêves en série, ceux qui ont une suite, un peu comme dans les téléromans où l’intrigue se poursuit d’une semaine à l’autre. De plus, par la date, on détecte les rêves récurrents ou répétitifs, ceux qui reviennent à intervalles réguliers, par exemple : le même cauchemar revient dans la nuit du dimanche au lundi, la veille du retour au travail. La date permet aussi d’identifier les rêves prémonitoires qui se sont concrétisés. Nous pouvons ainsi valider des rêves appartenant à des événements futurs. Ils sont beaucoup plus fréquents qu’on pense. Et notre journal de rêves nous le prouve.
Le deuxième élément est le titre. On donne un titre à notre rêve afin de le personnaliser. Le choix de celui-ci se fait en fonction de l’élément le plus important du rêve, de l’image dominante ou de la situation principale, ce qui permet d’orienter l’analyse du rêve dans une direction révélatrice. De plus, lors de la relecture de nos rêves, le titre permet d’en saisir instantanément le sens et facilite le repérage des rêves significatifs. Le titre est important car il fournit l’essentiel de la compréhension d’un rêve.
On passe ensuite à la description du contenu du rêve. On décrit le rêve dans son journal avec un langage direct et au présent. Les détails, comme les couleurs, les nombres et les paroles entendues, sont importants. Si le scénario est trop long, on peut faire une synthèse des actions principales.
Enfin, le troisième élément pour consigner nos rêves est le sentiment final. Cet indice précieux révèle le véritable contenu du rêve qui se cache derrière des scénarios parfois très complexes ou sous des apparences tout à fait banales. L’émotion sentie à la toute fin du rêve indique la résultante positive ou négative du scénario visionné. Un sentiment d’inconfort, de malaise ou d’inquiétude peut indiquer une situation ou une attitude à modifier dans la vie d’éveil, car les conséquences semblent nuisibles. Ce sentiment déplaisant peut aussi servir d’avertissement si un danger vous guette. Tandis qu’un sentiment agréable, stimulant et même euphorisant laisse présager que l’harmonie règne dans votre vie et que votre santé émotionnelle et mentale se porte bien. Apprendre à noter vos sentiments au réveil demande une bonne écoute intérieure et beaucoup de franchise. Cet exercice vous met en contact avec votre intériorité et vous branche sur l’intuition.
L’intuition
Selon le dictionnaire l’intuition est la perception immédiate de la vérité sans l’aide du raisonnement. L’intuition est donc l’action d’obtenir un savoir direct ou une certitude sans raisonnement ou déduction : une connaissance immédiate ou une conviction sans pensée rationnelle.
L’intuition, est l’une des plus anciennes facultés de l’homme. Les peuples anciens s’en servaient dans leurs vies de tous les jours pour diriger leurs pays. Les tribus guidées par des sorciers et des chamans baignaient dans cette réalité bien à eux.
De nos jours, pour certaines personnes, l’intuition a une réputation douteuse. Généralement méprisée pour son manque de rationalisme, elle est souvent reléguée dans l’obscur domaine de l’intangible, du mystique et du peu fiable. Elle semble donc, selon certains, être réservée aux femmes et à leur célèbre « intuition féminine ». Lorsqu’il advient qu’un homme s’autorise à être intuitif, il a au mieux du« flair » ou « quelque chose d’instinctif », mais affirmera rarement que « son intuition lui dit que… ». Ce sont là des idées sans fondement aucun, car les hommes sont en effet aussi intuitifs que les femmes. C’est sans doute parce qu’on a chassé l’intuition de l’univers rationnel, apanage de l’homme, qu’on l’a attribué aux femmes.
L’intuition est une faculté innée chez les êtres humains, au même titre que la faculté de penser, de parler un langage articulé ou d’apprécier la musique. L’intuition n’est pas un pouvoir qui s’acquiert, elle fait partie intégrante des mécanismes mentaux, émotionnels et métapsychiques de chaque personne, Cependant, elle peut être cultivée, comme toutes nos autres potentialités. À chaque instant et en ce moment même, nous recevons des informations par le biais de notre intuition. Également, nous utilisons notre intuition pour prendre toutes sortes de décisions pratiques : cela va d’une idée pour la décoration d’une pièce à l’orientation professionnelle que vous allez choisir ou à la personne que vous allez épouser; certaines personnes en ont conscience, d’autres pas.
Il est difficile de provoquer la venue de l’intuition, mais il est possible de créer les conditions propices à son émergence. Pour l’aborder, elle exige de se tourner vers soi. Il faut se regarder, se voir, pénétrer en soi. On ne peut donc pas la considérer de l’extérieur, comme un objet de curiosité séparé de nous. C’est bien là, la difficulté. Il faut nécessairement s’investir personnellement et subjectivement. Le rêve émergeant chaque nuit des profondeurs de soi, il est propice au déclenchement de l’intuition permettant d’accéder facilement à la compréhension du message du rêve. Il faut alors faire vite et noter les idées qui émergent, car lorsque le raisonnement arrive, pouf ! L’intuition disparaît.
L’image qui me vient à l’esprit pour illustrer ce propos est celle d’un promeneur dans le bois apercevant soudain, mais vaguement, du coin de l’œil, un animal à panache passant à une vingtaine de mètres. Au moment où il se tourne pour le regarder, l’animal n’est déjà plus là. C’est un peu cela l’intuition. On se dit : Je pense que je sais ce que voulait dire ce rêve… et plus on essaie de le préciser en mots logiques, l’intuition perçue s’évanouit. J’étais sur le bord d’un quai et… est-ce que c’était un quai de gare ou un quai avec des bateaux? et c’est fini… l’intuition vient de disparaître.
Une fois que vous aurez écrit, dessiné ou raconté votre cauchemar, laisser l’intuition intervenir. Connectez-vous à votre petite voix intérieure et soyez à l’écoute des réponses qui surgissent. Un seul mot ou une action du rêve peut déclencher une réflexion. Les masques tombent alors et une vérité s’affiche sans l’intervention du raisonnement.
À titre d’exemple, voici un de mes rêves. À l’été 2001, j’étais alors en vacances avec ma famille et nous étions hébergés dans un gîte, où les propriétaires étaient affables plus que nous le souhaitions :
Titre : Le breuvage empoisonné
On m’offre un breuvage qui semble délicieux, mais je constate qu’il est empoisonné. J’avise ma fille et mon conjoint. On insiste afin que je le boive. Je refuse poliment. On insiste à nouveau. Je refuse avec fermeté. Tout à coup, je sens la pointe d’une arme dans mes côtes. On me fait signe, de façon non équivoque, de le boire.
Sentiment final : peur
Au matin en m’éveillant, le lien se fait rapidement entre le comportement envahissant de nos hôtes (insister malgré le refus continuel) et la menace (l’arme dans les côtes) en provenance de leur « débordante » gentillesse. Dans l’heure qui a suivi, mon conjoint et moi avons convenu d’écourter notre séjour dans ce gîte. Ayant compris le message du rêve, l’émotion de peur ressentie au réveil se dissipa rapidement.
Pour certains, l’évidence ne s’établit pas aussi rapidement. Si rien ne vient, laissez le temps faire son œuvre. Ne forcez pas les réponses. Un temps de recul permet d’y voir plus clair. La connaissance de la vérité est en chacun de vous. Gardez confiance. Lorsqu’un grand « AHA ! » de reconnaissance émergera, vous saurez profondément que vous avez trouvé le sens du message.
Par exemple prenons le rêve suivant :
Titre : Le trou sans fond
Je marche sur une île en compagnie d’un groupe de femmes. Au bout de l’île, il y a un monticule recouvert d’un tissu bleu. Une amie veut s’y asseoir. J’ai des doutes. Elle le fait quand même et le monticule s’effondre avec l’amie qui tombe dans un puit sans fond. Je pense alors « Quel gaspillage ». Je me demande si on pourra la récupérer.
Sentiments finals : tristesse et désarroi
Il a été abordé sous des angles différents, voici les différentes hypothèses soulevées :
- J’ai des doutes sur quelque chose en apparence inoffensif et je réalise trop tard le gaspillage causé.
- Je ne reconnais pas un danger bien caché et y succombe.
- Je me prépare à une perte nécessaire même si cela m’afflige.
- J’ai besoin de vacances sur une île en bonne compagnie mais je crains de défoncer mon budget.
- Je vis une situation financière instable et précaire, j’évite d’investir.
- Je pose un geste qui a de graves conséquences.
- La possibilité d’une chute irréversible suite à une décision entourée de doutes.
- Je m’inquiète d’une lourde perte.
- Je suis triste suite à un événement redouté.
- Je risque un effondrement émotionnel suite à une décision.
Toutes ces interprétations sont justes, elles vont dans le sens du scénario et des émotions, cependant, seul le rêveur peut confirmer laquelle est exacte par la résonance du message en rapport avec ses préoccupations.
Lecture suggérée :
Mieux dormir… j’en rêve!
© Brigitte Langevin
www.brigittelangevin.com