La sécurité, avant tout
Dans un premier temps, la notion de sécurité s’applique : dès que bébé expérimente l’escalade des barreaux de sa couchette ou qu’il atteint l’âge de 24-30 mois, il faut du moins opter pour le lit de transition. On peut acheter un tel lit si la couchette elle-même ne se transforme pas jusqu’à cette étape. Ce qui est bien, c’est que, dans un cas ou dans l’autre, on peut réutiliser le matelas de la couchette. Comme le matelas est le même, l’enfant retrouve ses repères. De plus, ce lit, bas sur pattes, ne requiert pas forcément l’ajout de côtés amovibles puisque le risque de blessure en cas de chute est bien minime. On peut simplement déposer un tapis douillet sur le sol.
Il n’est pas rare qu’un enfant s’adapte rapidement, même la première nuit, à son lit de grand. Toutefois, l’anxiété peut gagner certains bambins, et leur sommeil peut être perturbé. Sans compter la facilité de se relever eux-mêmes pour toutes sortes de raisons!
Préparer l’enfant… et ses parents!
La préparation demeure le meilleur outil. Faites de cette étape un moment heureux. Célébrez avec votre enfant le fait qu’il dormira bientôt dans un lit de grand, entre autres en lui permettant de participer au processus (transformation de la couchette modulable, achat du lit de transition ou d’un nouveau couvre-lit, etc.) En mettant l’accent sur la fierté que vous ressentez à l’égard de votre enfant, vous stimulerez sa confiance en soi et sa volonté de réaliser ce pour quoi vous le croyez prêt. Si vous achetez un nouveau lit et si l’espace vous le permet, je vous suggère de conserver les deux lits temporairement. Vous pourrez ainsi alterner les dodos. Par exemple, la sieste dans le lit de grand et la nuit dans la couchette, la première semaine, puis une nuit sur deux dans le grand lit par la suite, afin que la transition soit plus douce. Peut-être même que votre enfant manifestera rapidement le souhait de dormir dans son nouveau lit.
Dans tous les cas, il faut que vous évitiez de démontrer votre propre anxiété, vos craintes, votre nostalgie du petit bébé, etc. Votre enfant ressentira ces sentiments et percevra un danger non existant dans le fait de dormir dans son lit de grand. Si vous lui dites : « J’ai mis un matelas à côté de ton lit au cas où tu tomberais en bas », il aura peur de tomber. Si vous choisissez de vous étendre avec lui pour l’aider à dormir, il croira qu’il ne peut plus y arriver seul désormais. Il s’avère donc essentiel que les parents se sentent en confiance et calmes afin de transmettre cet état d’esprit à leur enfant.
Une liberté : se relever à souhait
Bon nombre d’enfants comprennent rapidement qu’ils ont maintenant la possibilité de se relever aisément pour rejoindre leurs parents au salon ou dans le lit conjugal. L’erreur à ne pas commettre est la suivante : penser que son enfant n’est pas assez grand pour comprendre. On lui explique calmement quelles sont les attentes, que dormir, c’est important, qu’il doit le faire seul, dans son lit, qu’il sera fatigué et bougon le lendemain s’il ne dort pas suffisamment. Après lui avoir donné une bonne explication, on le prend par la main et le reconduit à son lit immédiatement. Pas d’eau, pas de pipi, pas de… On devra sans doute répéter l’expérience à quelques reprises…
Ne soyez pas en colère et n’entamez pas de discussion avec votre enfant, non plus, simplement un « Je t’aime, mais c’est l’heure de dormir pour les enfants, alors au lit jusqu’à demain matin! » Votre enfant doit être convaincu que c’est du sérieux. Votre ton et votre attitude le démontreront. S’il se relève une énième fois, raccompagnez-le à nouveau!
C’est un mélange de gentillesse et de fermeté qui préviendra le mieux l’association au jeu que l’enfant peut voir dans le fait de se relever ou de mettre vos nerfs en boule.
Il se peut que malgré une bonne préparation et de nombreuses séances d’explications et de raccompagnement, ces techniques demeurent vaines et que, tous les soirs, votre petit amour joue à attirer votre attention en sortant de son lit et de sa chambre. Il vous faudra alors passer à l’étape supérieure : l’action plutôt que l’explication.
Voici deux autres stratégies, dont la première s’avère toutefois controversée : verrouiller de l’extérieur la porte de la chambre de l’enfant pour l’empêcher d’en sortir. Si cette méthode a connu un certain succès dans le respect des consignes, elle peut cependant accentuer les peurs et les problèmes de sommeil de l’enfant.
Une version plus douce de cette stratégie consiste plutôt de faire de la porte un privilège. En résumé, tant que l’enfant demeure dans son lit, la porte peut rester ouverte; s’il en sort, elle se ferme. Une façon d’appliquer cette technique ressemble à ce qui suit :
- On avise l’enfant : « Si tu te lèves, je ferme la porte; si tu restes dans ton lit, je veux bien la laisser ouverte. » Si, au bout d’une minute, il n’est toujours pas dans son lit, on le recouche et on ferme la porte.
- Tant que l’enfant est levé, on laisse la porte fermée et la maintient au besoin pour l’éviter de sortir. On lui répète une seule fois la consigne, sans plus.
- Dès qu’il recouche, on respecte notre part du marché et on ouvre la porte, qu’il crie ou non (l’entente, c’est le lit).
- Au bout de deux minutes, s’il refuse malgré tout de se mettre au lit, on ouvre la porte, le remet au lit avec fermeté (sans brusquerie) et on sort avant de fermer à nouveau la porte.
- S’il reste couché, on ouvre la porte.
- S’il se relève encore, on laisse passer trois minutes la porte fermée, cette fois, avant de répéter le numéro 4.
- La première nuit, on ne laisse pas la porte fermée plus de cinq minutes consécutives. On peut effectuer cette routine par bloc de cinq minutes aussi souvent que nécessaire, jusqu’à ce que l’enfant se couche enfin. S’il se réveille au beau milieu de la nuit et rejoue son scénario, on recommence à l’étape 1. Ô joie!
- Les nuits suivantes, on pourra garder la porte fermée un peu plus longtemps chaque fois.
- Si l’enfant s’endort sur le sol, on ne court pas le risque de le relever pour le coucher dans son lit. On le recouvre d’une couverture, sans plus.
L’objectif de cette technique consiste à donner à l’enfant le contrôle sur quelque chose qui peut favoriser son envie de rester au lit : la porte. Le plus difficile pour les parents, c’est de conserver le même niveau de fermeté et de cohérence tout au long du processus. Si vous flanchez, tout sera à recommencer, et ce, avec un peu moins de crédibilité.
La dernière stratégie s’est révélée des plus utiles chez les enfants perturbés par un évènement extérieur au sommeil comme l’hospitalisation d’un parent, une séparation, un changement de garderie, la rentrée scolaire, la venue d’un petit frère ou d’une petite sœur, etc. Le parent se couche auprès de l’enfant. Pas dans le lit de l’enfant, mais en camping à côté. Au bout de quelques jours, le but est de s’éloigner graduellement jusqu’à passer le seuil et retrouver chacun sa chambre. On prévoit deux, trois semaines pour y arriver.
Enfin, ne sous-estimez pas l’intelligence et les capacités de votre enfant. L’adaptation aux différentes situations fait partie intégrante de la vie, et les parents sont souvent surpris par les petits et grands accomplissements que réalisent leurs enfants.
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© Brigitte Langevin
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