Même si physiologiquement, le sommeil s’installe de la même façon chez l’être humain et que nous dormons tous (en grande majorité) à l’horizontale sur un matelas confortable, nous avons tous notre façon particulière de s’y laisser aller.
S’endormir : un rythme en soi
Pour s’endormir, le rythme interne doit diminuer. Chez les adultes, ce rythme est plutôt cérébral : les pensées deviennent moins concrètes, c’est-à-dire qu’elles sont toujours présentes, mais on n’y apporte peu d’intérêt, voire même aucune attention; un détachement s’installe, les ondes électriques diminuent et hop on glisse vers les bras de Morphée. Chez les bébés et les enfants, on parle plutôt du rythme « moteur ». Il doit pratiquement cesser de bouger afin que son cerveau puisse générer un rythme plus lent et lui permettre de glisser à son tour au pays des rêves. Voilà pourquoi tant d’enfant et de bébés s’endorment en auto : ils ne peuvent plus bouger comme ils le désirent. Malheureusement, certains adultes s’endorment aussi en conduisant la voiture, si la route est monotone, la fatigue (trop) présente et les pensées… non perceptibles.
À chacun sa façon!
Lorsque le cerveau signale la fatigue à son hôte, le but est de saisir ce moment pour aller dormir ou du moins s’y préparer (avec une période d’hygiène et de détente) pour y répondre dans les prochaines minutes. Une fois la tête déposée sur le matelas, le corps confortablement installé et au chaud, débute la période de latence de l’endormissement : le rythme doit ralentir afin que le petit train du sommeil puisse se manifester et vous transporter dans l’état de sommeil. Durant cette période chacun y a associé une « façon de faire ». Par exemple, chez les bébés et les enfants, certains vont prendre leur pouce ou une tétine, téter l’oreille d’un toutou, frotter la bouche et le dessous du nez avec son doudou ou le mettre clairement sur son visage, se jouer dans les cheveux, coller une peluche, se déplacer sur le côté, le ventre ou se déposer contre les barreaux, etc…
Un tempo corporel pour s’endormir, souhaitable ou pas ?
Toutes les façons de faire pour s’endormir et se rendormir en cours de sommeil sont acceptables (tant que cela demeure sécuritaire bien entendu), sauf que chez certains bébés (autour de 8-9 mois, mais souvent avant 18 mois), ils génèrent un tempo avec leur corps pour arriver à ralentir le rythme, ce qu’on appelle une rythmie d’endormissement. On les voit alors balancer la tête de gauche à droite ou de haut en bas, parfois se mettre à 4 pattes et se balancer d’avant arrière. Un son rythmé accompagne parfois ce mouvement, du genre : ha-ha, ha-ha, ha-ha, ha-ha… et le scénario le plus impressionnant est celui qui cogne sa tête sur les barreaux ou les côtés plein de sa bassinette pour trouver le sommeil.
Voici la description d’un parent :
Bonjour Mme Langevin,
Ma fille de 10 mois et demi a commencé, il y a quelques semaines, à se cogner la tête sur les barreaux de son lit afin de s’endormir autant pour les siestes que pour la nuit. Elle le fait même durant la nuit entre ses cycles de sommeil. J’ai cru comprendre que c’était une rythmie d’endormissement. J’ai validé avec son médecin lors du suivi et elle a pu me rassurer en me disant que ce n’était pas dangereux pour elle et fréquent chez les bébés de son âge. Depuis 3 jours, elle a commencé aussi à faire parfois des petits sons en continue (comme une méditation) en même temps que les coups. Est-ce que je la laisse faire ou dois-je intervenir? Merci beaucoup de m’éclairer avec tout ça!
En effet, comme l’a spécifié son médecin, il n’y a pas danger pour le cerveau du bébé (celui qui cogne sa tête particulièrement). Il est toujours conseillé, toutefois, d’en parler à son pédiatre afin de s’assurer que cette façon de faire ne soit pas la résultante d’un problème de santé sous-jacent. Une fois rassuré, tant que le balancement rythmique est léger et silencieux, on peut laisser aller. Ce genre d’association pour s’endormir disparaît autour de 4 ans environ.
Cependant, tout comme l’usage du pouce ou de la tétine, il faut parfois faire cesser cette pratique, la rythmie d’endormissement, pour différentes raisons, dont la plus fréquente est le bruit émis par les balancements du corps (certains vont jusqu’à déplacer la bassinette), le cognement ou les sons de bouche.
Dans certaines familles, il suffit d’aviser son enfant, de décoller la bassinette du mur, de lui rappeler la position idéale pour dormir (dos, ventre, côté) en le plaçant dans chacune de ces positions dans son lit, lors de la routine du dodo et tout cesse dans les 2-3 nuits qui suivent, c’est presque magique. Bien entendu, dans d’autres familles il faudra s’y investir un peu plus.
Quelques astuces
Chez celui qui cogne la tête sur son lit :
- Le replacer au centre du lit;
- Le mettre dans un parc, les parois sont en filet, le mouvement n’ayant plus le même impact, l’enfant cesse ;
- Chez les plus vieux, retirer le matelas de la bassinette, le placer par terre et au centre de la pièce;
Chez celui qui balance la tête de gauche à droite :
- Immobiliser la tête quelques secondes avec vos mains;
- Le placer sur le côté;
- L’asseoir dans le lit et le maintenir ainsi quelques secondes;
Chez celui qui se balance à 4 pattes d’avant-arrière :
- Le replacer sur le dos;
- Le remettre à plat ventre en allongeant seulement ses jambes;
- L’asseoir quelques secondes.
Lors des interventions, il convient d’agir, selon une des options ci-haut (sans parler ou cajoler cependant et ce, même s’il devient très fâché) et de quitter la pièce, si vous en avez le temps. Au début, les interventions sont rapprochées et au fil des jours, elles s’estompent. Il convient de voir de l’amélioration à l’intérieur de 3 nuits, sinon, le message que votre bébé vous envoie c’est qu’il y a un manque de cohérence de votre part. Il faut alors revoir vos interventions en détails pour y remettre la cohérence nécessaire.
D’autres options
L’utilisation d’un métronome (appareil qui émet un battement selon le tempo choisi, utile en musique) peut s’avérer utile chez certains enfants qui cessent alors leur mouvement rythmique. Il faut l’expérimenter pour savoir si c’est aidant ou pas, dans votre situation. Il y a en a en ligne. Il suffit de l’activer au moment du coucher le soir, de choisir différent tempo de soir en soir et d’observer les résultats. Si au bout de 3-4 nuits, il n’y a aucune amélioration, il faudra tenter l’une des options énumérées ci-haut.
Certains parents veulent utiliser un tableau d’émulation (récompense), ce qui peut s’avérer intéressant afin de motiver l’effort lors de nouveaux acquis. Cependant, dans le cas présent, comme l’enfant est en période d’endormissement, il n’a pas connaissance de son mouvement rythmique. Un peu comme votre partenaire lorsqu’il se met à ronfler… vous lui donnez un coup de coude. Il vous répond : Qu’essse qui a ? Vous lui dites presque gentiment : Tu ronfles! Et tout en changeant sa position, il vous répond : Ça se peut pas, je dormais pas !! 😉. Votre enfant risque donc d’être déçu, s’il fait face à un échec de matin en matin, puisqu’il n’est pas conscient de ce qu’il fait à l’endormissement, malgré sa bonne volonté d’agir autrement lorsque vous lui en parlez pendant la routine du dodo. Bien entendu, ici on parle d’enfants âgés de 3-4 ans.
Enfin, en ce qui concerne les sons de bouche (ha-ha, ha-ha, ha-ha, ha-ha…), ils disparaissent en même temps que le tempo corporel. Aucune intervention n’est nécessaire.
Rappelons-nous que dormir est un processus naturel et interne à chaque individu, mais parfois, il faut un petit coup de pouce pour ramener les acquis et favoriser de nouveaux les bonnes habitudes de sommeil!
Bon dodo!
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© Brigitte Langevin
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